« Le choix judicieux et formidablement adapté d'abord de la pièce du Songe, cosmos en miniature où se croisent en se rencontrant les trois classes humaines, dieux, aristocrates, artisans, jeunes et vieux, animés, agités, aveuglés tous par l'énergie amoureuse qui mène le monde; et donc dans cette comédie solaire, la possibilité pour chacun, avec ses capacités habiles ou malhabiles, sa folie, son embarras, sa tendresse, son désir d'aimer et d'être aimé, de faire vivre un personnage, d'être présent dans l'histoire et sur la plateau, nécessaire à l'histoire, et d'y être ainsi valorisé. La solidarité entre les acteurs, le double regard de certains plus" professionnels" (sans l'être forcément), jouant et en même temps attentifs à celui qui dérape, qui risque de s'égarer pour le ramener sur le fil.
Ainsi la joie formidable de l'artisan/ Lion, son excitation, et la sollicitude de ses compagnons quand il sort un peu trop de lui-même. Thésée dans sa grandeur gaullienne transformant son handicap de diction en autorité impériale; les jeunes premiers, jeunes ou plus mûrs, mais premiers toujours dans les émois de l'amour comme chacun d'entre nous; et leur ballet à six ou huit, je ne me rappelle plus, endossant alternativement les rôles, démultipliant ce que Shakespeare raconte de l'amour changeant, mû plus par la rivalité et le mimétisme que par l'attachement à un être aimé .
Enfin cette formidable réussite d'avoir dans une adaptation intelligente, réussi à créer tout simplement un spectacle festif et émouvant.
Sans compter l'adaptation du prologue, à l'extérieur, entre la réalité et la fiction, première "rencontre" avec des personnes, qui installe le premier lien et prépare le regard du spectateur pour le spectacle qui va suivre.
Et sans doute aussi, l'occasion d'un échauffement pour les acteurs, professionnels, mais plus encore, amateurs. »
Florence Castera
Ancienne responsable du Programme Partager l’Art, Transformer la Société de la Fondation de France.
« A la vue de ce spectacle, c’est comme un retour aux sources qui se fait. Durant le prologue, déjà, on sent poindre quelque chose qui vient de nos premiers pas sur les planches, ou des improvisations, des « délires » autour de textes ou de jeux de mots vécus dans la cour de notre lycée, il y a longtemps. On se sent déjà rajeunir à vue d’œil, devant cette improvisation de la transformation et du jeu, qui nous plonge dans les belles années de notre adolescence. On s’interroge alors : Pourquoi a t-on tout à coup été attiré par le théâtre vers quinze/seize ans? En voyant petite mise en bouche, on comprend qu’il se jouait sans qu’on le sache, dans « le théâtre » quelque chose de notre désir amoureux, et de notre envie de dépassement dans le rêve, dans les méandres de l’imagination. Et déjà le ravissement commence à opérer.
Dans la salle, une fois assis sur un fauteuil. On se demande ce qui va se passer, si toutes les promesses entre- aperçues lors du prologue vont venir éclater sur scène.
Le décor, à quelque chose de primitif, une jungle où le monde des fées vient s’amuser en tirant les fils des destinées humaines.
Il y a d’abord les princes : c’est la société avec ces lourdeurs, ces normes étouffantes, sa suffisance à l’épreuve des faits et sa violence.
Puis viennent les artisans : un sourire se colle sur nos lèvres. Le ravissement fait son chemin. On retrouve les protagonistes du prologue sur scène ; ils s’amusent, et on s’amuse avec eux.
Puck nous plonge dans les délices de la malice et tourmente d’un coup toute cette normalité qu’on avait secrètement envie de faire exploser.
Et désormais la valse commence, de philtre en philtre, d’enchantement en enchantement, on rit beaucoup, on adhère aussi à l’humaine attitude de chacun. Et la machine s’emballe, et on savoure ce train qui déraille à toute allure. Et toutes les résonances d’aujourd’hui sont là : et tout cela cohabite en harmonie devant nous, dans un seul but : nous divertir, mais aussi nous édifier. Nous édifier à quel propos ? A propos du théâtre justement.
Car nous étions nombreux à avoir oublié, à avoir oublié que le théâtre pouvait revêtir cette dimension de fête populaire, à avoir oublié que tout le monde pouvait s’inviter sur scène le temps d’un songe, à avoir oublié la puissance de subversion que la scène pouvait encore avoir, ici et maintenant. Et on sort de là se disant que c’est pour ça qu’on avait commencer à faire du théâtre, que c’était pour tout le monde, et que c’était une arme, une technique qui était partageable entre tous.
On a alors ce sentiment d’avoir assister à un spectacle de résistance, à un spectacle généreux qui est passé entre les mailles du filet avec bonheur. A la vérité, on savait plus si ce genre de spectacle existait encore, et on se félicite d’avoir eu la chance de d’en voir un.
Un sentiment de joie intense nous envahit. On vient tout à coup d’avoir la preuve que le théâtre est encore puissant, qu’il peut creuser des trous dans les frontières les plus solides pour trouver la part d’humanité propre à chacun, qu’il peut encore nous rassembler, qu’il peut encore avoir cette fonction de miroir qui nous renvoi à nous mêmes et à notre manière de vivre.
Ce spectacle nous donne envie de continuer à nous battre pour reconstruire une humanité diverse mais qui se parle, et qui sait rire d’elle même. »
Tristan Schoumaker.
Militant associatif nanterrien, intervenant théâtre ponctuel du Théâtre du Bout du Monde.
« J’ai beaucoup apprécié d’avoir la mise en train de Miguel Borras, le lundi matin. Cela me fait penser à la mise en scène de Byrne Pïven avec lequel j’ai travaillé en 1976 à Chicago sur des nouvelles de Tchechov .Les acteurs et les actrices, blancs et noirs, de différent niveaux se mélangent et se brassent tout en se concentrant, sur les gestes ou les émotions. J’ai aussi bien apprécié la ronde silencieuse des acteurs et des actrices, et la costumière pendant que le rideau du premier acte soit levé. Il n'y avait pas un chat! Nous nous sommes concentrés, nous nous avons chassés ou vidés les émotions. Cela fait me penser à un rituel religieux. Tout d’un coup, quand brusquement les mains spontanées tombent, comme les ondes du lac. On se réveille, on s’ébroue et maintenant en piste
Voila! »
Remi Clignet.
Comédien du Songe d’une nuit de mai
« J'ai eu la chance de travailler sur Le songe d'une nuit de mai mis en scène par Miguel Borras. Cette aventure hors du commun qui a mêlé personnes venant du Cash, d' Emmaüs avec des comédiens professionnels autour du texte de William Shakespeare m'a complètement réconcilié avec le plateau et le théâtre en général. J'ai vu Marie-Thérèze Boulogne, Mounir Koutar, Jean M'Piaka, Moktar Shanoune, Fatima Zouad... s'investir dans le projet d'une manière très professionnelle, je les ai vu s'épanouir et prendre confiance en eux, je les ai vu grandir.
Le Théâtre du Bout du Monde a réussi un pari qui me semblait au départ très difficile à tenir.
Sur un même texte, une même mélodie nous étions tous au service de cette histoire fabuleuse du Songe pour l'offrir au spectateur.
Un voyage extraordinaire en tant que comédienne.
Bravo encore aux créateurs de cette aventure.
Bravo Miguel Borras et Philippe Guérin pour votre patience et votre don de réunir les gens.
Bravo à l'équipe technique et administrative.
Bravo et merci. »
Stéphanie Correia
Intervenante théâtre enfants du TBM, et comédienne dans le Songe
1 commentaire:
These cοntemporary fіtness deνiceѕ arе
wοrn around the ωaiѕt, ρoѕіtioneԁ
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